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Hausse Inattendue de l’IPC en Chine : Un Sursis à la Déflation ?

Matis Patenaude, Fatine Moumni Abdou, Frédéric Nadeau




Situation économique en Chine  

L’économie chinoise est au cœur de nombreuses discussions en raison de son impact mondial et de sa trajectoire de croissance.  


Alors qu’elle se remettait des répercussions de la COVID-19, la Chine a concentré ses efforts sur la croissance des infrastructures et le soutien aux entreprises. Parallèlement, le pays a continué d’innover dans les hautes technologies et a renforcé la consommation intérieure pour réduire sa dépendance à la croissance basée sur les exportations. 


Malgré ces avancées, le haut niveau d’endettement des entreprises et des gouvernements locaux persiste et plusieurs tensions commerciales, par exemple avec les États-Unis, ont rajouté des incertitudes aux conditions économiques de la Chine. 

 

L’indice des prix à la consommation en hausse 

En février, l’économie chinoise a connu un rebond inattendu avec une augmentation notable de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC). Après six mois de stagnation, les prix à la consommation ont enregistré une hausse significative de 0,7 %, dépassant largement les prévisions qui tablaient sur une augmentation de 0,3 %. 

 

Dans les derniers mois, les prix étaient soit stables ou descendaient, même qu’en janvier, l’indice a descendu de 0,8 %, ce qui représente la plus forte baisse depuis septembre 2009 et du quatrième mois consécutif de déclin. Cependant, selon les analystes, cette importante diminution est principalement causée par des facteurs saisonniers et que le ralentissement a peut-être déjà atteint son niveau le plus bas. 



 En février de cette année, l’IPC a augmenté de 1,0 % en taux mensuel, dépassant la croissance de 0,3 % observée en janvier et la croissance de 0,7 % prévue par les économistes. Cependant, l’indice des prix à la production a chuté de 2,7 % par rapport à l’année précédente en février, contre une baisse de 2,5 % le mois précédent. Cette baisse a été plus rapide que celle de 2,5 % prévue par le sondage Reuters. De même que les prix à la production sont en baisse depuis plus d’un an et demi. « Ce sont principalement les prix de l’alimentation et des services qui ont augmenté le plus », a déclaré Dong Lijuan, statisticien du NBS, dans un communiqué. « Pendant la période de la fête du printemps, la demande des consommateurs pour les produits alimentaires a augmenté, en plus du temps pluvieux et neigeux dans certaines régions qui a affecté l’offre », a déclaré M. Dong. Cette augmentation inattendue des prix à la consommation soulève des questions sur la capacité de la Chine à se sortir de son état de déflation persistant. 

 

Prévisions économiques : Croissance permanente ou éphémère 

« Une grande partie de l’amélioration pourrait s’avérer temporaire plutôt que durable », pensent les économistes de Citigroup Inc., dont Xinyu Ji. « Des efforts politiques supplémentaires sont essentiels pour favoriser et consolider l’élan des prix. »   


Certes, l’augmentation soudaine de l’IPC en Chine suscite des opinions divergentes quant à sa nature durable ou éphémère. Alors que certains se réjouissent de cette reprise des prix, y voyant un signe positif pour les décideurs politiques et les investisseurs préoccupés par la tendance déflationniste du pays, d’autres soulignent que cette hausse est largement soutenue par des facteurs temporaires.

 

Les analystes notent que cette progression annuelle s’explique en partie par le calendrier du Nouvel An lunaire, tombé en février cette année et en janvier l’année dernière, ce qui influe sur la comparaison des données d’une année à l’autre, notamment expliqué par Zhang Zhiwei, Président et Chef économiste chez Pinpoint Asset Management. De plus, les données officielles ont montré que l’IPC est resté inchangé par rapport à la même période l’année dernière. 


En outre, des facteurs temporaires tels que la volatilité des prix alimentaires et touristiques autour de ce congé festif expliquent en partie ce rebond. En effet, selon les données du Bureau des statistiques, les prix des aliments ont connu une progression positive en février, enregistrant la plus faible baisse en huit mois (-0,9 % contre -5,9 % en janvier). Cette tendance a été soutenue par des augmentations du coût du porc et des légumes frais. Toutefois, depuis le Nouvel An lunaire, un déclin des prix du porc a été observé, soulignant une pression continue due à une offre abondante et une demande relativement faible. 


Par ailleurs, l’inflation hors alimentation, entre autres dans le logement, la santé et l’éducation, a fortement accéléré à 1,1 % contre 0,4 % précédemment. Les prix des services ont également augmenté, avec des hausses des tarifs aériens, des sites touristiques et des hébergements pendant les vacances du Nouvel An lunaire de cette année. 

 

Fin de la déflation en Chine : Est-ce possible ? 

Malgré la hausse de l’indice des prix à la consommation, les économistes estiment que le retour tant attendu de l’inflation ne signifie pas que la Chine est sortie de la situation déflationniste. « Je pense qu’il est encore trop tôt pour conclure que la déflation en Chine est terminée. La demande intérieure est encore assez faible » a reporté Zhang. 


Les analystes de ING ont déclaré que les données d’inflation de février étaient « relativement encourageantes » et qu’elles devraient « calmer temporairement les craintes de déflation », mais que l’inflation pourrait rester globalement faible pour les six premiers mois de l’année. 


En effet, selon les économistes, en raison de l’activité et de la confiance des consommateurs faibles, la déflation des prix à la consommation semble persister dans les secteurs de production. 


L’objectif ambitieux de croissance économique d’environ 5 % annoncé par le Premier ministre Li Qiang est confronté à des défis à mesure que la reprise après la crise du coronavirus ralentit. Le gouvernement vise un objectif d’inflation de 3 % en 2024, conforme à l’objectif fixé après 2015, mais n’a pas atteint cet objectif ces dernières années. 

 

De plus, les tentatives visant à relancer le secteur immobilier, y compris de nouveaux engagements de prêt, n’ont pas donné de résultats significatifs. Le gouvernement se concentre sur la réalisation de son objectif d’emploi de 11,7 millions d’ici la fin de 2024, reflétant les défis persistants liés au chômage, en particulier chez les jeunes, qui reste élevé malgré les ajustements apportés aux récentes publications statistiques. 

 

Zichun Huang de Capital Economics Ltd. a écrit dans une note : « Nous pensons que la faible inflation en Chine est un symptôme de son modèle de croissance basé sur un taux élevé d’investissement. […] Comme la réduction de la dépendance à l’investissement est encore loin, nous nous attendons à ce que l’inflation reste contenue par rapport aux normes d’avant la pandémie à long terme. » 

 

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