Maxime Renaud et l’équipe politique
Bien que les Canadiens ne puissent directement influencer les élections américaines, les résultats de celles-ci pourraient avoir des répercussions significatives sur notre économie. En tant que premier partenaire commercial du Canada, les politiques économiques des États-Unis affectent grandement nos échanges. Les perspectives de chacun des candidats – Trump et Harris – méritent donc une attention particulière. Parmi les sujets d'inquiétude : les tarifs douaniers, la dette américaine et les réformes fiscales figurent en bonne place.
Un frein pour l'économie canadienne
Donald Trump propose une augmentation de 10 % des tarifs douaniers sur les importations américaines, ce qui pourrait augmenter considérablement le coût des produits canadiens sur le marché américain. Selon une étude de la Chambre de commerce du Canada, cette hausse pourrait coûter jusqu'à 1 100 $ par an à chaque Canadien. En effet, une telle politique renforcerait le dollar américain, affaiblirait le dollar canadien, et ralentirait notre croissance économique.
Lors de notre entretien, M. Pascal Bédard, professeur à HEC Montréal, a précisé que les effets de cette mesure se feraient principalement sentir en 2026, avec un impact notable sur la production canadienne et une légère hausse du chômage. « Le pouvoir d'achat canadien déjà fragile pourrait s'en ressentir davantage, et la baisse de la production pourrait également provoquer une pression à la baisse sur la devise canadienne », explique-t-il.
L’épée de Damoclès de la dette américaine
La dette publique américaine est une autre source de préoccupation. Avec un ratio dette/PIB de 97 % en 2023, ce chiffre pourrait dépasser les 100 % en 2024, ce qui alarme certains économistes. Toutefois, M. Bédard nuance cette inquiétude : « Il n’y a rien de magique avec le seuil de 100 % de dette/PIB. Les États-Unis, en tant que première puissance mondiale et détenteurs de la devise de référence peuvent se permettre un endettement plus élevé sans provoquer de panique immédiate sur les marchés. »
Cela dit, Trump, qui prône des baisses d'impôts sans compensations par des coupes budgétaires, pourrait accélérer l'endettement plus rapidement que Harris. Mais, comme le souligne M. Bédard, « la dette américaine, bien que préoccupante à long terme, ne devrait pas avoir d'impact direct majeur sur les Canadiens à court, moyen terme ».
Une double tranchée pour le Canada
Sur le plan fiscal, Trump prévoit des baisses d'impôts pour les ménages et les entreprises, ce qui pourrait stimuler l'économie américaine et, dans une certaine mesure, accroître les exportations canadiennes vers les États-Unis. Cependant, cela pourrait également détourner les investissements canadiens vers les États-Unis, créant une pression supplémentaire sur l'économie canadienne. En revanche, Kamala Harris prône des taxes plus élevées sur les entreprises et les ménages aisés, mais M. Bédard est sceptique quant à leur efficacité réelle, expliquant que « l'élasticité fiscale des plus fortunés leur permet d'échapper à une grande partie des taxes ».
Entre soft Landing et Incertitude
Un autre point soulevé lors de notre discussion a été la perspective d’un « soft landing » économique. Les politiques des deux candidats prendraient plusieurs années avant d’avoir un impact tangible, mais leur simple annonce pourrait provoquer des ajustements immédiats sur les marchés financiers. La question cruciale, cependant, reste de savoir si les États-Unis pourront éviter une récession majeure dans les années à venir, une préoccupation d'autant plus importante que le Canada reste étroitement lié à la santé économique de son voisin.
Quoi qu’il en soit, bien que les élections soient hors de notre contrôle, elles restent cruciales pour l'avenir économique du Canada. Que ce soit Trump ou Harris qui l'emporte, il est certain que les Canadiens ressentiront les effets, notamment en ce qui concerne les échanges commerciaux et la stabilité financière de notre pays.