L'IPO de Douglas : Un tournant stratégique dans l'industrie de la beauté de luxe
- marchesglobauxhec
- 25 mars 2024
- 4 min de lecture
Clara Labelle, Gaëtan Combettes, Zachary St-Jean
Dans une époque caractérisée par des bouleversements économiques majeurs et des préoccupations environnementales grandissantes, les entreprises du secteur de la beauté, notamment Douglas Beauty Chain, sont confrontées à des défis, mais aussi des opportunités uniques.
À l'heure actuelle, le monde fait face à une période de transformations profondes, marquée par plusieurs facteurs clés tels que les tensions géopolitiques en mer Rouge, les innovations technologiques et les mutations démographiques. Ces éléments influencent les taux de croissance, mais aussi les niveaux d'inflation (l'IPC a diminué de 0,1 % en janvier, ce qui représente le premier recul depuis mai 2020). Par ailleurs, l'environnement macroéconomique, marqué par des taux d'intérêt en hausse et des tensions commerciales internationales, affecte directement les stratégies de prix, les coûts d'exploitation et la gestion des chaînes d'approvisionnement de ces entreprises. Dans ce contexte, les entreprises opérant dans le secteur de la beauté, comme le géant allemand Douglas Beauty Chain, se trouvent à un carrefour stratégique.
De la savonnerie à la scène mondiale : L'ascension de Douglas
Douglas, un détaillant de parfums basé à Düsseldorf, a été fondé par l'entrepreneur écossais John Sharp Douglas en 1821, avec l'ouverture d'une fabrique de savon à Hambourg. L'entreprise a été acquise par la famille entrepreneuriale Kreke en 1969 et exploite aujourd'hui 1850 magasins dans 22 pays européens, en plus de posséder l'un des principaux magasins en ligne de cosmétiques du continent. En tant que concurrent du détaillant français de produits de beauté de luxe Sephora, Douglas vend des marques de luxe telles que Chanel, Dior et Yves Saint Laurent, ainsi que des gammes de Clinique et Mac.
En 2015, le groupe d'investissement basé au Luxembourg, CVC, a racheté Douglas à Advent International, avec des plans d'expansion pour la chaîne. Cependant, la performance de Douglas pendant la pandémie et l'augmentation de sa dette ont posé des défis, l'entreprise n'ayant réalisé des bénéfices que deux fois depuis son acquisition par CVC et ayant accumulé des pertes de 1,7 milliard d'euros depuis 2014. Malgré cela, CVC a exprimé sa fierté d'avoir soutenu l'entreprise et reste un actionnaire majeur, voyant un potentiel de croissance futur. Douglas envisage une introduction en bourse sur la bourse de Francfort pour lever 1,1 milliard d'euros.
Évaluation et stratégies financières : L'introduction en Bourse détaillée
En ce qui concerne les détails de l'introduction en Bourse de Douglas, les banques actuellement impliquées dans la transaction comprennent Citigroup Inc., Deutsche Bank AG, Goldman Sachs Group Inc., UniCredit SpA et UBS Group AG. Selon Sander Van der Lann, le directeur général, l'introduction en Bourse était la prochaine étape logique pour permettre à la chaîne, qui a connu une croissance significative des ventes en ligne, de tirer pleinement parti de son plein potentiel.
En ce qui concerne les dates, l'offre se déroulera jusqu'au 19 mars 2024, avec le premier jour de négociation prévu pour le 21 mars à la Bourse de Francfort. Cette dernière est la plus grande des sept bourses du pays et la douzième plus grande au monde en termes de capitalisation boursière. La Bourse de Francfort est détenue par Deutsche Börse et répertorie plusieurs indices tels que le DAX et l'Euro Stoxx 50.
Les dirigeants de Douglas ont exprimé leur souhait de lever 1,1 milliard d'euros et de viser une valorisation de 6 milliards d'euros. Cela ferait de Douglas la plus grande introduction en Bourse depuis Porsche en 2022 sur la Bourse de Francfort. En ce qui concerne la valorisation de l'IPO, celle-ci vendra au total environ 991 millions de dollars en actions, avec des prix individuels variant entre 26 et 30 euros.
La quantité de nouvelles actions est supposée être supérieure à 34,6 millions, avec également l'attente d'une injection de 300 millions d'euros de la part des actionnaires actuels pour une contribution en capitaux propres totale de 1,15 milliard d'euros.
Vers un avenir rayonnant : Stratégies et ambitions de Douglas
L'avenir de Douglas s'annonce prometteur avec des plans ambitieux visant à réduire sa dette grâce aux fonds levés lors de son introduction en bourse, sans que CVC ne vende de parts et continue de détenir un intérêt majoritaire indirect. La stratégie inclut le refinancement des emprunts restants en lien avec l'IPO, et CVC envisage même de garantir l'achat de nouvelles actions si nécessaire, démontrant une confiance solide dans la réussite de l'opération.
Douglas vise une croissance des ventes à moyen terme d'environ 7% par an, avec une marge bénéficiaire d'environ 18,5%. Cette ambition se fonde sur un marché de la beauté premium en Europe qui, selon les attentes, croîtra à un rythme plus rapide qu'auparavant, tiré par une demande robuste même en période de budgets serrés. Les résultats impressionnants de concurrents tels que Sephora et L'Oréal confirment la vitalité du secteur.
Sous la direction de Sander van der Laan, Douglas a déjà amorcé une nette amélioration, avec une augmentation des ventes de 12% à 4,1 milliards d'euros l'an dernier et une hausse significative de l'EBITDA ajusté. La stratégie inclut l'ouverture de 200 magasins d'ici 2026 et l'exploitation d'un programme de fidélité comptant 55 millions de membres. Ces mesures devraient non seulement consolider la position de Douglas sur le marché, mais aussi, à terme, permettre à CVC de réduire sa participation avec la perspective d'une croissance soutenue et de dividendes attractifs.
L'équipe des Marchés des Capitaux - Banque d'investissement