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Un déficit de 11 milliards au Québec : un nouveau record

Matis Patenaude, Fatine Moumni Abdou, Frédéric Nadeau



Situation économique actuelle  

La situation économique du Québec est confrontée à des défis sans précédent, avec un déficit projeté de 11 milliards de dollars pour l’année fiscale à venir, ce qui pourrait représenter le plus haut déficit de l’histoire de la province en termes réels. 

 

Par ailleurs, la persistance de l’inflation et des hauts taux d’intérêt freine l’activité économique en 2024. Les prévisions de croissance du PIB provincial en 2024 ont été révisées de 1,4% à 0,6%.   

 

Plusieurs investissements totalisant 4,3 milliards sur les cinq prochaines années ciblent des enjeux tels que le logement, l’itinérance, la formation dans certains domaines spécifiques afin de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, etc.  



 Cette année, le budget donne la priorité aux soins de santé et à l’éducation, avec une augmentation des dépenses de 4,2 % pour la santé et de 9,3 % pour l’éducation. Les intérêts sur la dette existante de la province devraient coûter 9,7 milliards de dollars au cours de la prochaine année. 


Dans cette perspective, le Québec se concentre sur l’équilibre budgétaire à long terme et les investissements stratégiques pour soutenir et stimuler l’économie provinciale. 

 

Pourquoi y a-t-il eu un déficit ?  

Le déficit se relie principalement aux effets de la pandémie et par la récession qui a suivi. Plus précisément, l’augmentation des dépenses du gouvernement et de la baisse des revenus à cause de la pandémie. De plus, les récentes négociations avec les travailleurs du secteur public rajoutent aux dépenses. En effet, les dépenses de l’état sont très hautes, l’augmentation des revenus ralentit, l’économie stagne, or les déficits suivent.  

  

À la base, le gouvernement prévoyait un déficit de 3 milliards, mais avec les défis économiques imprévus de la COVID-19 et les investissements nécessaires liés à celui-ci, le déficit a presque quadruplé. En revanche, 11 milliards de dollars équivaut seulement à 1,9 % du PIB, or même si dans l’histoire du Québec, le déficit est le plus élevé en dollars, ce n’est pas le plus gros enregistré.  

 

Toutefois, le vrai déficit n’est pas de 11 milliards. Le déficit lié à l’état était de 8,8 milliards avant qu’il ne verse 2,2 milliards au Fonds des générations. De plus, Legault a inclus une provision pour éventualités de 1,5 milliard, or si on exclut le versement et la provision, le déficit réel est de 7,3 milliards. 

 

Répercussions   

Un tel déficit impacte bien évidemment la dette nette qui devrait atteindre 263,5 milliards cette année, comparativement au $233,5 milliards prévus pour la période au budget de l’année antécédente.  

 

Compte tenu de la détérioration des perspectives financières et de ses effets sur le ratio d’endettement du Québec, les agences de notation Moody’s et Morningstar DBRS ont toutes deux publié des déclarations dans les deux jours suivant la présentation du budget 2024-2025 par le ministre des Finances Eric Girard,  « Les sources de ces pressions sont telles que la province est limitée dans sa capacité à utiliser pleinement la flexibilité fiscale que nous attribuons aux provinces canadiennes. » ont déclaré les analystes de Moody’s. Leurs évaluations soulignaient une économie provinciale stagnante, des augmentations plus élevées que prévu des salaires publics et des revenus moindres d’Hydro-Québec. 

 

Ces commentaires servent de conseil aux clients de Moody's et Morningstar DBRS qui envisagent d'investir dans le marché de la dette gouvernementale.  

 

Toutefois, les cotes de crédit du Québec restent inchangées, avec des notes d’investissement de Aa2 par Moody's, AA (faible) par DBRS, AA- par S&P Global Ratings et Aa2 par Fitch Ratings. 

 

Plan d’action possible

L’opposition libérale a critiqué le budget de Girard, soutenant que les finances du Québec sont hors de contrôle et que cela pourrait bientôt coûter plus cher au Québec pour emprunter. « La stratégie de la CAQ est d'attendre que la Banque du Canada baisse les taux », a déclaré Frédéric Beauchemin, un député du Parti libéral. 

 

Le Parti Québécois a une vision différente. Selon eux, la situation financière du Québec n'est pas du tout une "catastrophe". Ils soulignent que les finances publiques de la province se caractérisent par un faible ratio de dette par rapport au PIB, un ratio qui reste favorable par rapport à la plupart des pays modernes. 

 

En vertu de l’article 7 de la récente loi sur l’équilibre budgétaire, si le déficit dépasse les contributions au Fonds des générations pour 2022-2023, le ministre des Finances doit proposer, d’ici mars 2025, un plan quinquennal pour équilibrer le budget. Ainsi, le gouvernement du Québec vise un budget équilibré d’ici 2029 réduisant le déficit à 4 milliards de dollars d'ici 2027. 

 



Le gouvernement compte réviser le crédit d'impôt basé sur les salaires des entreprises, ce qui devrait réduire les dépenses tout en stimulant la croissance économique. Cela pourrait permettre au gouvernement de fortifier ses revenus sans alourdir la charge fiscale des contribuables. 

 

Une croissance du PIB réel de 0,6 % en 2024 est attendue, qui devrait s’accélérer à 1,6 % en 2025. L’optimisation des profits des entreprises publiques et le réexamen des impôts et des dépenses budgétaires font également partie des mesures envisagées. Toutes ces initiatives seront détaillées dans le plan de retour à l’équilibre prévu pour le printemps 2025. 

 

Le gouvernement reconnaît toutefois qu’avec un tel déficit le chemin vers un équilibre budgétaire nécessitera des efforts considérables et impliquera d’importantes décisions fiscales et budgétaires dans les années à venir. 

 

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