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Canada contre les États-Unis : l'impact économique de la guerre commerciale

  • marchesglobauxhec
  • Feb 11
  • 3 min read

Une relation commerciale sous tension

Le Canada et les États-Unis, dont les échanges commerciaux dépassent 900 milliards de dollars canadiens par an, traversent l’une des crises commerciales les plus marquantes depuis les années 1930. L’administration américaine a imposé des tarifs de 25 % sur les importations canadiennes, portant le taux moyen des droits de douane américains à 11 %, un record depuis les années 1940. En réponse, le Canada a appliqué des contre-mesures sur 155 milliards de dollars canadiens d’importations américaines, ciblant des secteurs clés comme l’acier, l’aluminium et l’agriculture.

Ces tensions perturbent les flux commerciaux et créent des déséquilibres macroéconomiques qui affectent la croissance, l’investissement et l’inflation.

 

                                  

Inflation et ralentissement économique

L’augmentation des coûts de production entraîne une inflation dite par les coûts. Selon la Banque du Canada, elle pourrait s’accélérer de 1,2 à 1,8 points de pourcentage, avec des prix en hausse de 5 à 7 % sur un an. Si cette tendance se poursuit, la Banque du Canada pourrait relever ses taux d’intérêt, ce qui freinerait encore davantage l’investissement et la consommation.

Avec des exportations représentant environ 25,2 % du PIB en 2022, contre 10 % pour les États-Unis, le Canada est plus exposé aux restrictions commerciales. Une contraction du commerce extérieur ralentit la demande agrégée, pesant ainsi sur la croissance. Le PIB canadien pourrait reculer de 3,4 % à 4,2 % sur trois ans, et l’investissement privé baisser de 15 %, en particulier dans l’industrie manufacturière et l’automobile.

Les tensions commerciales fragilisent la balance commerciale du Canada, entraînant un ralentissement des exportations et une pression accrue sur l’économie. Si les tarifs persistent un an, le PIB réel pourrait chuter de 2 points en 2025, en raison d’une demande américaine réduite et d’une baisse de la compétitivité des produits canadiens. En 2024, l’excédent commercial avec les États-Unis, estimé à 100 milliards de dollars (3,2 % du PIB), est déjà en recul et tombe à 85 milliards en intégrant les services (2,8 % du PIB). De plus, la dépréciation du dollar canadien de 7 % offre un avantage temporaire aux exportateurs, mais elle alourdit le coût des importations, ce qui réduit le pouvoir d’achat des ménages et pèse sur la consommation intérieure. La dépréciation du dollar canadien de 7 % atténue cet effet pour les exportateurs, mais renchérit les importations, limitant ainsi la consommation intérieure.

               

                                         

 

 

Secteurs les plus touchés

L’acier et l’aluminium sont parmi les industries les plus exposées. La hausse des coûts de production réduit leur compétitivité et entraîne des pertes d’emplois. Le secteur du bois d’œuvre subit également les effets des droits de douane, compliquant l’accès au marché américain et augmentant les coûts de construction. L’agriculture, notamment les producteurs de lait, de viande et de céréales, fait face à des restrictions qui limitent leurs exportations. L’industrie automobile est particulièrement affectée, les tarifs augmentant le coût des pièces importées et ralentissant la production.

                                            

Une trêve commerciale incertaine

Le 3 février 2025, le Canada et les États-Unis ont convenu de reporter l'imposition de leurs tarifs respectifs pour 30 jours, afin de finaliser un accord sur la sécurité frontalière. Cette suspension temporaire offre un répit aux entreprises et aux consommateurs, mais l’incertitude demeure. Si aucun accord durable n’est trouvé, les investissements pourraient ralentir et le pouvoir d’achat diminuer, pesant davantage sur l’économie.

Pour limiter sa dépendance aux États-Unis, le Canada cherche à diversifier ses échanges via des accords comme le CPTPP et le CETA, mais ces alternatives nécessiteront du temps avant d’avoir un effet concret. L’avenir du commerce entre les deux pays dépendra des négociations en cours, et une prolongation des tensions pourrait forcer le Canada à ajuster sa politique économique pour limiter les impacts négatifs.

 

Quel avenir pour le commerce Canada–États-Unis ?

Trois scénarios sont envisageables. Un accord commercial permettrait de lever les tarifs et de stabiliser l’économie, favorisant un retour de la confiance des investisseurs. Si les tensions se prolongent, l’inflation et le ralentissement économique risquent de conduire à une récession et à une hausse du chômage de 2 à 3 % .

Une diversification des marchés atténuerait la dépendance aux États-Unis, mais nécessitera des investissements en infrastructures et en diplomatie commerciale. L’évolution de ce conflit dépendra des négociations à venir. Pour le Canada, il est essentiel d’adapter ses stratégies économiques et de renforcer ses alliances afin de protéger son économie face aux incertitudes commerciales.


Fatine Moumni, Émilie Aubertin et l’équipe économie mondiale

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