Corée du Sud : Un Tigre en Panne ? Analyse du Ralentissement Économique de 2025
- marchesglobauxhec
- Mar 11
- 3 min read

Fatine Moumni et L’équipe Économie Mondiale
La Corée du Sud face à une tempête économique
Longtemps perçue comme un modèle de croissance rapide et soutenue, la Corée du Sud fait face à un net ralentissement économique en 2025. Autrefois locomotive de l'Asie de l'Est, son économie est aujourd'hui freinée par une contraction de l'activité industrielle, une baisse des exportations et une demande domestique affaiblie. Ce coup de frein s’explique par une conjonction de facteurs : des tensions géopolitiques accrues, des chaînes d’approvisionnement de plus en plus fragiles et une dépendance excessive à des secteurs-clés, rendant l’économie plus vulnérable aux chocs extérieurs. Face à ces turbulences, le gouvernement tente de freiner la chute avec des mesures d’urgence et des stratégies d’ajustement destinées à limiter l’impact sur les entreprises et les ménages
Un ralentissement généralisé et multisectoriel
D'après les dernières données du Ministère des Finances de la Corée du Sud, la croissance du PIB est tombée à 1,5 % en 2025, bien en dessous des prévisions initiales de 1,9 %.
Ce recul est attribuable à plusieurs facteurs :
La consommation des ménages est en net repli, freinée par une inflation persistante et une stagnation des salaires réels. L’indice de confiance des consommateurs a chuté à son niveau le plus bas depuis 2020, indiquant un climat d'incertitude sur l'avenir de l'économie domestique.
Le secteur immobilier, autrefois moteur de croissance, montre également des signes de ralentissement. La demande pour le logement a baissé de 12 % sur un an, et les prix ont reculé de 8 %, selon Reuters. Cette correction s'explique en partie par le durcissement des conditions d'emprunt et le surendettement des ménages.
Le commerce extérieur, pilier de l'économie coréenne, est lui aussi en berne. La Corée du Sud, fortement dépendante de ses exportations, notamment dans les semi-conducteurs, l'automobile et l'électronique, subit une baisse de la demande mondiale. Les exportations ont chuté de 10,3 % en janvier 2025 par rapport à l'année précédente, marquant la première baisse annuelle depuis septembre 2023, une tendance qui se prolonge.

Une contraction sévère de l'activité industrielle
L'un des indicateurs les plus alarmants est la baisse de l'activité manufacturière. L'indice PMI manufacturier est tombé à 49,0 en décembre 2024, signalant une contraction de l'activité industrielle.

Cette chute est principalement due à la faiblesse de la demande mondiale, notamment en Chine et aux États-Unis, qui absorbent une part importante des exportations sud-coréennes. L'industrie des semi-conducteurs, représentant plus de 20 % des exportations, subit un ralentissement important. Les grands groupes comme Samsung et SK Hynix enregistrent une baisse de leur production et des licenciements ciblés. De même, l'automobile et la chimie connaissent une baisse de la production, impactés par la hausse des coûts de production et la réduction des commandes étrangères.
Les conséquences économiques et sociales
L'affaiblissement de l'activité industrielle a des effets en cascade sur le marché du travail. Le taux de chômage des jeunes atteint 9,1 %, contre 7,8 % l'année précédente. Les travailleurs du secteur manufacturier sont particulièrement touchés, et les PME qui dépendent de l'exportation licencient en masse.
Par ailleurs, l'endettement des ménages reste élevé, atteignant environ 91 % du PIB au deuxième trimestre 2024, Ce surendettement accroît les risques financiers et rend plus difficile la relance de la consommation intérieure
Les réponses du gouvernement et les perspectives
Pour atténuer la crise, la Banque de Corée a procédé à plusieurs réductions de son taux directeur, qui se situe désormais à 2,75 % afin de relancer l'investissement et la consommation .

Le gouvernement sud-coréen met également en place un plan de soutien à hauteur de 50 milliards de wons pour dynamiser l'innovation dans les secteurs de l'intelligence artificielle, des biotechnologies et des énergies renouvelables. Il vise ainsi à réduire la dépendance du pays à certaines industries traditionnelles et à créer de nouveaux relais de croissance.
D'un point de vue commercial, la Corée du Sud cherche à diversifier ses marchés et à renforcer ses relations avec l'Asie du Sud-Est, notamment via de nouveaux accords commerciaux stratégiques.
La fin du miracle coréen ou simple turbulence ?
Le ralentissement économique de la Corée du Sud en 2025 met en évidence la nécessité de réformes structurelles. Si les mesures de relance peuvent contenir les effets à court terme, la résilience à long terme dépendra de la diversification de l'économie et de la capacité du pays à s'adapter aux nouvelles dynamiques mondiales.
Avec des politiques monétaires et fiscales adaptées, la Corée du Sud peut encore rebondir, mais l'heure est à la prudence face à un contexte international de plus en plus incertain.
Fatine Moumni et L’équipe Économie Mondiale