Grève nationale chez Postes Canada : impacts économiques sur les PME et l'économie canadienne
- marchesglobauxhec
- Nov 25, 2024
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Jonathan Calixte, Frédéric Nadeau et l'équipe économie mondiale
Contexte de la grève chez Poste Canada
Depuis le 15 novembre 2024, une grève nationale a été déclenchée chez Postes Canada. Cinquante-cinq mille employés demandent principalement une augmentation de salaire liée à l’inflation ainsi que de meilleures conditions de travail, notamment pour assurer leur sécurité.
Depuis près d’un an, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) et la société d'État étaient en négociations. Après n’être pas parvenus à une entente, le 12 novembre, le STTP a émis un préavis de grève de trois jours, précisant que si leurs attentes n’étaient pas comblées, une grève nationale serait déclenchée, entraînant une interruption totale du traitement et de la livraison des colis. Le STTP réclame une augmentation des salaires de 24 % sur quatre ans, tandis que Postes Canada propose 11,5 %.
Aujourd’hui, cette grève est en cours, et Postes Canada indique déjà avoir livré huit millions de colis de moins que l’année précédente.
Conséquences économiques pour les PME canadiennes
Avec l’arrivée des fêtes et du Vendredi fou, cette grève a de lourdes répercussions. Pour les petites entreprises, 80 % dépendent de Postes Canada pour livrer leurs colis, mais aussi pour facturer et recevoir les paiements. Déjà fragilisées par la grève du port de Montréal, ces entreprises traversent une période très difficile. Par ailleurs, 75 % des PME affirment déjà être négativement affectées. Selon la vice-présidente des Affaires nationales à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante : « La grève dure depuis une semaine et tout indique que les négociations sont dans une impasse. Notre économie et les entrepreneurs ne peuvent pas se permettre de subir une autre semaine de perturbation des services postaux. » Une résolution rapide est donc nécessaire, voire indispensable, pour prévenir d’autres troubles.
En ce moment, Purolator se montre solidaire de Postes Canada en ne traitant pas leur courrier. En revanche, les compétiteurs privés, tels que FedEx ou UPS, pourraient bénéficier de cette grève.
Conséquences sur l’économie nationale
La décision des travailleurs de Postes Canada se fait également ressentir sur l’économie canadienne. Avec 296 millions d’articles livrés en 2023, Postes Canada détient une part de marché de 29 %, ce qui reste non négligeable dans le marché de la livraison de colis. Malgré la baisse significative de ses parts de marché (62 % en 2019 contre 29 % en 2023), Postes Canada reste une option viable pour les entreprises qui font appel à ses services. Selon Ashley Richer, gérante d’une boutique, un colis coûte en moyenne 22 $ avec Postes Canada, alors que ses concurrents, tels qu’UPS et FedEx, facturent entre 60 et 80 $. Cela crée une pression à la hausse sur les frais de livraison, à l’approche des fêtes de fin d’année, une période particulièrement occupée pour la livraison de colis.
L’économie canadienne est majoritairement une économie de PME. En 2022, les petites et moyennes entreprises (PME) représentaient 99,7 % des entreprises canadiennes. De plus, ces dernières contribuent au commerce international, notamment grâce à leurs exportations.
Le volume des exportations des PME est important, comme en témoigne le graphique, puisque ces entreprises sont responsables de 89,9 % des exportations canadiennes. Ce volume de biens exportés est significatif en raison du rôle essentiel que joue Postes Canada dans l’acheminement des colis, même au niveau international. Avec un possible impact sur les exportations canadiennes, c’est le PIB qui pourrait être mis à mal. Toutefois, les dernières prévisions de la Banque du Canada annoncent une croissance du PIB avoisinant 2 % au premier trimestre de 2025.
Postes Canada est une entreprise clé du secteur de la logistique au Canada. Cette situation aura-t-elle un impact important sur l’économie canadienne pendant le temps des fêtes ? La situation reste à suivre.