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La montée de l'extrême droite dans le monde : l'Argentine choisit Milei



Le 18 décembre 2022 a pu redonner un souffle d’espoir au peuple argentin en voyant Messi et ses coéquipiers remporter la 3e Coupe du Monde du pays. Néanmoins, la réalité du quotidien revient au galop avec une inflation annuelle de plus de 90% entre janvier 2022 et 2023; en octobre, on l’estimait à 142,7%. Aujourd’hui, plus de 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté; c’est 10 points de % de plus qu’en 1970. Voilà le contexte du pays au moment des élections présidentielles d’automne 2023.


Après la crise financière de 2001, l’économie argentine est fortement endommagée. Nestor Kirchner prend la tête du pays et doit faire face à un haut taux de pauvreté, la dévaluation du peso face au dollar américain et une renégociation de la dette publique argentine. L’idéologie du péronisme qu’il défend est alors présente depuis 1946 en Argentine. En 2007, le parti remporte encore les élections et c’est Christina Fernandez Kirchner qui reprend les rênes de la nation argentine. Les élections générales de 2015 donneront le pouvoir à Mauricio Macri. C’est à ce moment qu’une alternance entre partis de droite et gauche se fait dans un contexte économique tendu et un gouvernement corrompu. En 2019, Alberto Fernandez est élu. En période de crise économique intense, il annonce de grandes mesures d’urgence donnant à l’Argentine une période de croissance en 2021 après 3 années de récession. Malheureusement, la crise du Covid-19 n’arrange pas la situation de l’Argentine et c’est dans une situation économique, sociale et politique chaotique qu’il annonce ne pas se représenter aux élections.


Aux grands maux les grands remèdes, c’est pour quoi a opté le peuple argentin le 19 novembre 2023 en élisant Javier Milei en tant que chef d’État. Ultralibéral, conservateur ou encore climatosceptique sont les mots qui reviennent souvent quand on parle du nouveau président argentin, mais qu’en est-il vraiment?


Économiste prolifique né en 1970 à Buenos Aires d’une famille nantie, Javier Milei a vu sa popularité grandir lors des dernières années grâce à ses nombreuses apparitions à la télévision argentine. Avec ses opinions très à droite et son franc-parler, Milei s’est rapidement bâti un groupe d’adeptes dédiés. C’est en 2020, pendant la pandémie de Covid-19 que Milei, souvent comparé à Wolverine à cause de leurs ressemblances physiques, se lance officiellement en politique suite à son mécontentement face au gouvernement actuel et de sa gestion de la pandémie. Par la suite, en 2021, il est élu chef du parti politique argentin Libertad Avanza (la liberté avance) reconnu pour ses idées libertariennes et conservatrices.


Arrive maintenant l’élection, présidentielle de 2023, Sergio Massa, l’adversaire gauchiste de Javier Melei promet de redresser l’économie de manière graduelle et d’offrir un gouvernement démocratique qui représente l’intégralité de la population d’Argentine. Sa campagne électorale repose sur sa personnalité charismatique où il se présente comme un ‘’gosse des quartiers’’ et ‘’un fils de la classe moyenne’’. Pendant ce temps, Javier Melei promet aux Argentins une dollarisation de l’économie et une liberté absolue de l’état. Il propose des idéologies qui soulève la polémique comme de « tronçonner » le budget de l’état ou encore de libérer l’Argentine de la « caste parasite ». Ses slogans provocateurs sont criés dans les rues de Buenos Aires par des partisans lors de sa victoire électorale: « La caste tiene miedo » (La caste a peur !) « Viva la libertad, carajo ! » (Vive la liberté, bordel !).


Compte tenu de son historique de présidents gauchistes des 40 dernières années, les résultats de la campagne électorale d’Argentine peuvent paraître étonnants. Cependant, la prise du pouvoir par un gouvernement de droite n’est pas un évènement singulier dans les récentes tendances politiques mondiales. En effet, les dernières années ont été marquées par une montée significative des mouvements de droite à divers niveaux autour du monde. Le Brésil a récemment été marqué par une invasion du congrès par des partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro. Aux États-Unis, suite à la défaite de Trump, une foule de partisans s’en sont pris au gouvernement soutenant la thèse de fraude électorale avancée par l’ancien président. Le résultat fut marquant avec l’attaque au Capitol en janvier 2021. Le Canada a vu un mouvement de droite se mobiliser l’année suivante lors du convoi de la liberté, un mouvement dans lequel des groupes extrémistes violents avaient été identifiés. Aujourd’hui, même des pays catégorisés historiquement comme sociolibéraux basculent dans les extrêmes comme on a pu le voir aux Pays-Bas avec Geert Wilders, président du Parti pour la liberté qui a obtenu la majorité relative à la chambre des représentants. Même sans la présence de mouvement, les gouvernements de droite sont, en général, plus présents sur la scène politique internationale depuis les dernières années.

Les exemples de ce type sont multiples et de plus en plus fréquents, mais qu’ont-ils en commun? Un des éléments les reliant est un sentiment généralisé de censure envers les institutions démocratiques, voire une opposition politique totale. Un des exemples frappants de ce manque de confiance est qu’entre 60% et 70% des républicains américains croit qui il a bel et bien eu de la fraude politique associée à la défaite de Trump. Il devient complexe de bâtir une situation politique solide lorsqu’une grande partie de la base électorale croit le gouvernement illégitime. La situation socio-économique actuelle a également son rôle à jouer. Historiquement, lorsqu’un pays vit une période économique difficile, par exemple, lorsque l’inflation a des impacts importants sur la population, les risques liés au discours politique extrémiste augmentent.


Le contexte actuel tient cependant sa particularité de la problématique de désinformation sur les réseaux sociaux. Les risques de radicalisation n’ont jamais été aussi présents alors que les algorithmes des plateformes poussent de l’information de plus en plus extrême aux utilisateurs sans discriminer ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. Récemment au Québec, le phénomène apparait dans les écoles primaires et secondaires; une montée d’idées de l’extrême droite est popularisée par l’influenceur Andrew Tate. En effet, cet homme portant de lourdes accusations de trafic humain et de viol, est la nouvelle idole de certains jeunes hommes québécois. Ses idéologies antiféministes poussent ces jeunes à émettre des commentaires sexistes et controversés en salle de classe.


Bref, l’élection de Javier Milei en Argentine a fait couler beaucoup d’encre à travers le monde remettant en cause sa capacité à remettre le pays sur pied. Les vidéos de lui qui circulent sur les réseaux sociaux n’arrangent pas sa cause. On le voit d’ailleurs s’exprimer sur sa volonté de supprimer des ministères, notamment celui des femmes, des genres et de la diversité, celui de l’environnement et du développement durable ou encore celui de l’éducation qu’il qualifie de ministère de l’endoctrinement. Javier Milei suit la lignée des Donald Trump aux États-Unis et Jair Bolsonaro au Brésil. Il n’y a donc rien de réellement nouveau quant à son élection, mais elle provoque toujours la même inquiétude partout à travers le monde.



L'équipe Politique,


Elliot Deslauriers, Évelyne Blanchet, Juliette Roy, Gabrielle Géli, Baptiste Bourdeille



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