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La perte d’influence française face aux ambitions africaines

  • marchesglobauxhec
  • Dec 8, 2024
  • 3 min read

Lamine Touré et l’équipe politique 


Les présidents tchadien et sénégalais ont récemment annoncé la fin des accords militaires avec la France, marquant un tournant historique dans les relations entre Paris et ses anciennes colonies africaines. Ce retrait s’inscrit dans une dynamique plus large amorcée depuis quelques années, où des pays comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont également exigé le départ des troupes françaises de leur territoire. Ces gouvernements dénoncent une présence perçue comme une prolongation du système néocolonial de la Françafrique. Ce terme, qui désigne les relations postcoloniales entre la France et ses anciennes colonies, incarne pour beaucoup un modèle de domination économique, politique et militaire dissimulé sous le masque de la coopération.


La Françafrique, bâtie après les indépendances des années 1960, a permis à la France de maintenir une influence stratégique sur les ressources naturelles, les marchés et les politiques de ses anciennes colonies. Ce système, basé sur des réseaux opaques de coopération économique et militaire, est aujourd’hui de plus en plus contesté. Les populations et les gouvernements africains y voient un frein à leur souveraineté, accusant la France d’entretenir des élites corrompues et des régimes autoritaires en échange d’un accès privilégié aux richesses locales. Plusieurs facteurs expliquent le rejet actuel de cette présence. Tout d’abord, l’inefficacité des interventions militaires françaises, comme l’opération Barkhane, est largement remise en question. Bien que lancées pour stabiliser des régions en crise, ces interventions n’ont pas permis d’enrayer les conflits ni d’assurer une sécurité durable. Ensuite, un sentiment d’exploitation économique aggrave les tensions. Les ressources naturelles africaines, comme l’uranium du Niger ou le pétrole du Congo-Brazzaville sont souvent perçues comme exploitées au profit des intérêts économiques français, avec peu de retombées pour les populations locales. Enfin, des révélations sur des pratiques opaques, notamment celles évoquées par Robert Bourgi, mettent en lumière le soutien français à des régimes autoritaires en échange d’avantages économiques, alimentant le ressentiment envers Paris.

 

Face à ce rejet, le retrait progressif des troupes françaises ouvre la voie à d’autres acteurs géopolitiques. Parmi eux, Africa Corps, une organisation paramilitaire chapeautée par la Russie, se positionne comme un partenaire alternatif. Déjà active en Centrafrique et au Mali, cette entité offre des services de sécurité en échange de concessions économiques stratégiques, notamment dans l’exploitation des ressources naturelles. Sa stratégie s’appuie sur une rhétorique anti-impérialiste séduisante pour les gouvernements africains cherchant à rompre avec leurs anciens partenaires occidentaux. Parallèlement, d’autres puissances s’intéressent à l’Afrique. La Chine, par le biais de son initiative « Belt and Road », investit massivement dans les infrastructures et le commerce, tandis que la Turquie et les Émirats arabes unis renforcent leurs liens économiques et culturels avec le continent.


Le rejet de la France marque une rupture symbolique avec un passé colonial lourd de conséquences et ouvre une nouvelle ère, à la fois porteuse d’incertitudes et d’opportunités. Pour les pays africains, ce moment constitue une occasion historique de repenser leurs partenariats internationaux, de diversifier leurs alliances et de renforcer leurs capacités internes. Du côté de la France, son avenir sur le continent dépendra de sa capacité à entendre les aspirations des Africains, à rompre définitivement avec les pratiques de la Françafrique. Dans le cas contraire, elle risque de perdre définitivement son influence au profit de puissances émergentes, prêtes à répondre aux attentes des pays africains avec des approches plus alignées sur leurs ambitions de souveraineté et de développement.

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