Récession et déclin du secteur industriel
Longtemps considérée comme un important pilier économique de l'Europe, l’Allemagne persiste dans ses difficultés et pourrait terminer l'année 2024 en contraction. Le ministre de l'Économie allemande, Robert Habeck, a déclaré mercredi le 9 octobre que le produit intérieur brut (PIB) du pays devrait reculer de 0,2 % cette année, contre une estimation précédente d'une augmentation de 0,3 %. Ainsi, la plus grande économie européenne est sur le point d’entrer en récession pour la deuxième année consécutive.
La diminution actuelle de la production en Allemagne met en évidence des problématiques structurelles majeures, en particulier sa forte dépendance à son secteur industriel. Cette tendance s'est accentuée ces derniers mois, particulièrement dans l'industrie automobile. Par exemple, Volkswagen, l'un des géants de la production allemande, envisage pour la première fois en 87 ans la fermeture d'usines dans le pays ainsi que des suppressions d’emplois. Cette décision potentielle est motivée par plusieurs facteurs, dont l'augmentation des coûts de production. Par conséquent, Capital Economics prévoit que la part du secteur industriel dans le PIB du pays, qui selon les statistiques les plus récentes représenterait près de 27% du PIB, "continuera de décliner au cours de la prochaine décennie".
De plus, une chute des commandes industrielles a été constatée, tant sur le marché intérieur (-10,9 %) qu’à l’international (-2,2 %). Le ministre de l’Économie allemande a récemment souligné que "les espoirs d'une reprise durable des commandes s'amenuisent" et que la faiblesse continue de la demande, combinée à la détérioration du climat économique, rend toute reprise encore plus incertaine. Les coûts énergétiques, quant à eux, continuent de grimper, aggravés par les tensions géopolitiques telles que la guerre en Ukraine. Cela pèse lourdement sur les entreprises allemandes, qui doivent faire face à des hausses drastiques des prix des matières premières et de l'énergie, diminuant ainsi leur compétitivité.
Perspectives de reprise économique
Bien que le pays soit en passe de connaître deux années consécutives de contraction économique, l'Allemagne devrait se redresser en 2025. Le revenu des ménages et la consommation privée devraient augmenter, cette dernière retrouvant son niveau d’avant-pandémie grâce à une hausse des salaires. L’investissement, en baisse au cours des dernières années, devrait reprendre vigoureusement grâce à l’amélioration des conditions de financement et à de possibles baisses des taux d’intérêt. La construction résidentielle, confrontée à une forte demande, devrait également se redresser après une chute de 27 % en 2023.
L’année 2025 en Allemagne sera aussi marquée par une nouvelle élection, au cours de laquelle le chancelier sortant, Olaf Scholz, devra défendre son bilan. Son gouvernement fait face à une baisse de popularité, notamment après une défaite aux élections européennes. Pour convaincre les électeurs et assurer sa réélection, le gouvernement a lancé une ambitieuse initiative de relance économique, appelée « Wachstumsinitiative ». Cette initiative comprend plus d'une centaine de mesures, telles que des baisses d'impôts, une simplification des démarches administratives et un assouplissement des conditions d'embauche des travailleurs étrangers.
Cependant, les exportations de l’industrie allemande devraient apporter une faible contribution à la croissance en 2025, mais elles devraient s’améliorer par rapport à la situation actuelle, marquée par un manque de compétitivité dans certains secteurs, notamment ceux très dépendants du secteur énergétique. Le gouvernement prévoit d’investir plus de 100 milliards d’euros pour soutenir ces industries, en particulier dans les domaines de la décarbonisation et des véhicules électriques.
Ainsi, l’économie allemande prévoit une croissance comprise entre 0,8% et 1,1% en 2025 et entre 1,3% et 1,6% en 2026. En revanche, ces prévisions restent sensibles à plusieurs facteurs, tels que tensions géopolitiques, la stabilité des marchés et les prix de l’énergie. Dans ce contexte incertain, la capacité du gouvernement et des entreprises à s’adapter rapidement aux changements sera essentielle pour assurer une croissance économique.
L'équipe économie globale